Salut à tous!
>
> Pas de timbre exotique ni d’enveloppe déchiquetée
> pour témoigner du long voyage, je n’ai que les mots
> pour vous le dire : ça y est j’y suis !! Nous avons
> débarqué à Dumont D’Urville dimanche dernier vers
> 14h heure locale, après 2 jours dans les airs et 6
> jours sur mer.
> Alors ce trajet en Astrolabe…
> On a eu une grosse frayeur dans les quarantièmes
> rugissants. La mer était d’une platitude
> déconcertante et on a redouté de devenir la première
> mission en 55 ans à n’avoir rien à raconter sur le
> trajet Hobart-DDU !!! Mais arrivés au 50° parallèle
> on a vite regretté d’avoir regretté l’absence de
> vagues dans les 40° … Une nuit vers 3h du matin, on
> s’est subitement payés tangage et roulis à gogo,
> donnant l’impression étant allongés qu’on était dans
> une machine à laver (je n’exagère pas, c’est le
> terme employé !). Certains estomacs n’ont pas
> apprécié ce mouvement giratoire qui leur était
> imposé (ce bateau est aussi surnommé le « gastrolabe
> ») et c’est à partir de ce moment qu’on s’est
> retrouvés en comité restreint à table. En ce qui me
> concerne, je m’en suis bien sortie grâce à un patch
> anti mal de mer. Nous avons compris à ce moment
> toute l’utilité des sièges fixés au sol, de la barre
> en bois retenant les livres dans la bibliothèque,
> des hublots blindés, de la nappe anti-dérapante ou
> de la rampe pour se tenir dans la douche !
>
> A partir de là tout geste de la vie quotidienne a
> pris une dimension sportive, ne serait-ce que la
> traversée du bateau des cabines à la cuisine (pour
> avoir occupé une chambre mitoyenne à un escalier,
> je peux témoigner que certains ont dû se faire très
> mal !!) ! Une fois parvenu à la cuisine, avaler
> (entre lévitation et écrasement dans le fauteuil)
> relevait de l’exploit ! Et l’épreuve ultime, c’était
> la douche où il fallait attraper la rampe juste
> avant de se vautrer contre le mur ou plus
> douloureux, contre les robinets…
>
> Et puis un jour ou plutôt une nuit (enfin il était
> 23h locales et il faisait jour), nous avons atteint
> le 62° parallèle. Ca faisait un moment qu’on valsait
> moins. Le choc de la coque contre la glace du pack
> nous a fait courir sur le pont où nous sommes restés
> sans souffle devant un décor de blocs de glace
> illuminés par les rayons du soir... Le lendemain,
> nous voguions dans les eaux libres de l’Antarctique.
> Le temps était splendide, et pas un brin de vent.
> Après un slalom entre des icebergs immenses aux
> infractuosités bleutées, nous avons aperçu au loin
> la base : nous arrivions au bout du voyage ! Nous
> avons été accueillis par l'équipe actuelle de la
> base et après une visite du site, nous sommes partis
> sans attendre à la rencontre des manchots empereurs
> (il fait jour tout le temps à cette saison, on en
> oublie de dormir…). Les manchots Adélie nichent
> partout sur la base, en ce moment ils couvent leurs
> oeufs. Les phoques se laissent approcher à moins
> d’1m!!
>
> Ce matin encore j’ai du mal à réaliser que je suis
> en Antarctique, même si la vue par la fenêtre ne
> laisse aucun doute ! Une hivernante me dit qu’on ne
> réalise que lorsqu’on part…
>
> Je vous en fais profiter dés que j’ai de belles
> photos et que j’arrive à les compresser à 50Ko
> (limitation drastique du fait du coût des
> communications). A présent et pour un an mon adresse
> est celle-ci même.
> A bientôt!
>
> Caroline
